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Photo du rédacteurDUPOUY Jean-Benoît

Des barriques d'occasion, régénérées ou neuves avec de légers défauts pour élever les vins à moindre coût

Sabrina Pichon, propriétaire du domaine de l'Agapè à Tulette dans la Drôme a acheté des barriques d'occasion chez Reoaked - crédit photo : Sabrina Pichon



LEURS ASTUCES

Des barriques d'occasion, régénérées ou neuves avec de légers défauts pour élever les vins à moindre coût  

D’occasion, régénérées ou neuves avec de légers défauts, toutes les solutions sont bonnes pour avoir des barriques à moindre coût. Une démarche économique et écologique qui fait des adeptes.

Par Amélie Bimont Le 24 octobre 2024 pour Vitisphere



Crise oblige, il faut veiller aux dépenses, y compris pour les fûts. Plusieurs solutions le permettent, à commencer par Reoaked, « le bon coin » de la barrique. Sabrina Pichon, qui a récemment repris le domaine de l’Agapè, 10 ha à Tulette dans la Drôme provençale, a testé cette plateforme de revente de barriques d’occasion. « L’avantage c’est que c’est professionnel et encadré, surtout lorsque l’on s’installe et que l’on ne sait pas vers qui se tourner » explique-t-elle.

Reoaked "Le bon coin" de la barrique

Sabrina Pichon a acquis son domaine en 2022. Depuis, elle a entièrement refait le chai qui n’avait pas servi depuis cinquante ans. Pour élever sa cuvée haut de gamme 100 % syrah « Le Horla », elle a acheté dix barriques chez Reoaked. « Je ne voulais pas de barriques neuves, je souhaitais de légers tanins toastés qui ne marquent pas le vin. J’ai choisi des barriques de 225 litres de la tonnellerie Quintessence qui ont contenu du pomerol pendant deux ans. J’ai même choisi les chauffes : l’une traditionnelle, l’autre longue », se réjouit-elle.

Comme garantie, Sabrina Pichon s’est contentée de l’expertise standard proposée par la plateforme, soit une inspection visuelle et olfactive de 20 % des fûts d’un lot, pris au hasard. Pour plus d’assurance, Reoaked propose une inspection de toutes les barriques pour 4 € supplémentaire par fût et un contrôle microbiologique et des composés halogénés (HA et HP) au prix de 15 € le fût.

« J’ai reçu les barriques en janvier. Le vigneron les avait soutirées en décembre pour faire sa mise. Elles étaient en très bon état. J’ai entonné mes vins en suivant. Ils y sont toujours [fin septembre, NDLR]. Tout s’est très bien passé. J’ai fait des analyses microbiologiques au bout de trois à quatre mois, je n’ai eu aucun problème », explique la vigneronne qui a payé 2 470 € HT, transport compris, pour ses dix barriques. Outre le prix, elle y voit un autre avantage, celui du développement durable. Elle prévoit déjà de les revendre sur Reoaked. « Cela peut servir à d’autres personnes », conclue-t-elle.

Des barriques avec de légers défauts 15 % moins chères

À Verdelais, en Gironde, Thomas Fonteyreaud, propriétaire des 11 ha du domaine Tich & Grava, fait des économies d’une autre manière. Depuis 2017, il achète des barriques avec de légers défauts pour élever sa cuvée haut de gamme Grand Grava : « J’en achète deux ou trois par an, en fonction des millésimes, au moment des vendanges pour pouvoir faire les malos en barriques. Le défaut peut être un petit nœud ou un impact sur une douelle. Honnêtement, si vous ne le savez pas, vous ne le voyez pas. J’en ai actuellement une dizaine sur 55 au total dans mon chai. »


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Thomas Fonteyreaud se fournit chez Saury. « Élever en barriques coûte cher, mais je suis satisfait de cet élevage. J’achète les barriques présentant des défauts environ 15 % moins cher que les autres. On peut même choisir la chauffe que l’on veut. Et je n’ai jamais eu de fuites », précise le vigneron. D’autres tonnelleries, comme Berthomieu ou Bordeaux Tonneaux, font des offres similaires.

Pas de relargage d'anthocyanes

À mi-chemin entre l’occasion et le neuf, la Tonnellerie du Sud-Ouest (TSO) propose de régénérer les barriques. Ce procédé breveté consiste d’abord à les raboter de l’intérieur jusqu’au bois vierge. « Après cela, des barriques de rouges peuvent être utilisées pour des blancs : il n’y aura aucun relargage d’anthocyanes », garantit Baudouin de Montgolfier, directeur de TSO.

Avant de développer : « Après le rabotage, on applique un procédé d’ultrasons en propagation liquide pour éliminer les résidus de soufre et d’éthyles qui, autrement, provoqueraient des défauts de sécheresse et de dureté dans les vins. Et on chauffe à nouveau la barrique avec des chauffes spéciales. »

Une technique qui satisfait Erwan Bordier-Monteiro, directeur technique de la cave coopérative de Labastide-de-Lévis, dans le Tarn. « J’avais déjà testé le simple rabotage, mais sans que cela soit concluant », indique-t-il. Après des tests probants sur le cépage loin-de-l’œil en 2022, il fait régénérer 12 barriques en 2023 pour y entonner un assemblage de braucol, duras et syrah. « Je n’ai eu aucun problème mécanique ni microbiologique. Aujourd’hui, entre une barrique “double éco” et une barrique neuve, je ne saurais pas faire la différence, affirme-t-il. Nous avons également pu choisir la chauffe. On a vraiment l’impression d’acheter des barriques neuves. »

Côté prix, comptez 365 € HT pour faire régénérer vos barriques et 100 € de plus pour acheter des barriques régénérées à TSO.

Et l’argument écologique a aussi pesé dans la balance. « Désormais, je ne vais prendre que des barriques “double éco” », indique Erwan Bordier-Monteiro. Avec le réemploi, la barrique a encore de beaux jours devant elle.


En route vers l’éternelle jeunesse ?


La tonnellerie de l’Entre-deux-Mers (Tedem), située à Lignan-de-Bordeaux, propose depuis peu de rafraîchir vos barriques grâce à Infini, son système de régénération thermo-oxydatif à base d’ozone. « Nous avons développé ce procédé avec le laboratoire Excell. Il permet de dérougir et de désinfecter les barriques pour retrouver un bois sain sans les raboter et sans les réchauffer, indique Thibault Desages, directeur de Tedem. Le soufre résiduel en profondeur dans le bois est également éliminé pour éviter l’astringence. Le fût est visuellement neuf, et on peut renouveler ce traitement. Certains de nos clients ont déjà régénéré quatre fois leurs barriques. » La solution pour les garder à vie ?


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